Je rentre dans le métro, tranquillement, comme d'habitude. Je ne fais pas trop
attention à ce qui m'entoure. Je m'appuie à la porte d'en face et je pose mon sac. Le métro commence à partir, maintenant, je regarde les gens. Je jette un coup d'oeil circulaire, ma musique dans
les oreilles; mes yeux n'accrochent rien, c'est juste pour passer le temps. Je continue à regarder, je vois une petite fille qui parle à sa maman, une maman qui regarde son bébé dans sa
poussette, deux hommes qui parlent, une jeune fille qui suce une sucette en forme de coeur, des gens qui consultent les notes de leur dernier cours, deux jeunes filles arabes qui parlent avec
l'agressivité qui est naturelle à leur langue et beaucoup d'autres gens. Jusqu'au second arrêt, le métro est bondé. C'est lent, car nous devons monter la colline. Nous arrivons au premier arrêt,
ici, il y a toujours très peu de personnes qui descendent, encore moins qui montent; par contre, au second arrêt, il y a toujours beaucoup de personnes qui montent à l'aller et beaucoup de
personnes qui descendent au retour. Heureusement, je suis dans ce métro pour rentrer chez moi. Lorsque nous arrivons au second arrêt, le métro se vide, j'observe donc les personnes qui restent.
Une femme voilée, un vieil homme, un autre homme entre deux âges, et adossé de côté à l'autre porte, un homme qui semble asser jeune, mais qui ne l'est pas, il a cette beauté quasi éternelle
caractéristique des asiatiques. Il doit avoir une trentaine d'années, et pourtant, il n'a pas une ride, aucune marque de l'âge, même infime, il fait beaucoup plus jeune. Il porte un sweat à
capuche et des lunettes de soleil. Dans le métro? Boarf, si il en a envie...
Je tilte un truc. Bizarrement, je suis rentré avec mon cahier d'anglais à la main, allez savoir pourquoi. Machinalement, je commence à l'ouvrir, je coince un doigt entre deux pages lorsqu'un éclair argenté m'interpelle. L'homme asiatique a tourné la tête. Il a une coupe de cheveux asymétrique, il porte de grosses lunettes de soleil avec un pantalon treilli gris foncé, mais tellement décontracté qu'il fait plus penser à un jogging, il a aussi un marcel noir et une veste de survêtement blanche à capuche, il semble s'ennuyer, il a presque l'air énervé. Dest tatouages transparaissent au col de son marcel, sur ses bras et sur ses doigts, j'aperçois même le 3, le 8 et le 2 qu'il a sur les doigts, sa marque de fabrique... Il a remarqué que je le regarde, je détourne le regard en rougissant, je me cache derrière mon cahier d'anglais rose (évidemment, il fallait que j'ai ce cahier la à la main). Rappelez moi pourquoi j'ai mis ce T-shirt? Ah, oui, c'est vrai, parceque je l'ai acheté lors de la meilleurs soirée de ma vie... J'assaye de me contrôler un peu, ou au moins, de faire refluer un peu du sang que j'ai dans les joues vers mon coeur. Le métro s'arrête au troisième arrêt, mon arrêt. Je passe à côté de Miyavi en rougissant et en m'aggripant à mon cahier, il y a un bruissement de papier, mais je n'y fait pas vraiment attention. Je me retourne un instant et le regarde, je murmure un vague "gomen" avant de m'enfuir en courant.