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C'est Noël. La, je suis en chemin pour aller chez mes grands parents, ou plus exactement, je suis à la gare de la Rochelle, à la recherche de la voiture de ma mère, qui doit m'emmener chez eux...
Après l'avoir reperée (pas difficile, ma mère me faisait de grands signes en hurlant, et mon frère essayait de se cacher derrière sa copine,) je me dirige vers elle. Je suis puisé par le décalage horaire autant que par le vol Bangkok-Paris et le train Paris-la Rochelle, mais bon, je n'ai que quelques jours à tenir... Comme les vacances sont différentes en France et en Thailande, je reste à peine une semaine au total, en fait, j'ai juste le temps de m'adapeter à l'heure d'ici avant de repartir...
Le temps de dire bonjour à tout le monde et de me poser dans la voiture et ma mère m'assome de questions pendant tout le trajet, heureusement qu'il ne dure que quarante-cinq minutes... J'arrive chez mes grands parents et j'ai droit à la tournée de bisous et de poignées de mains avant de pouvoir poser mes affaires dans la chambrer et respirer, ça fait vingt-quatre personnes à saluer en même temps, et sachant que j'ai pas dormi depuis plus ou moins quanrante-huit heures entre le décalage horaire et le voyage, c'est hard...
Nous sommes le 24 Décembre, il est dix-huit heures, et tout à l'heure au repas, je leur annoncerais quelque chose... Ca ne risque pas de leur plaire et même de gâcher la fête, mais après tout, c'est à eux de voir si ils veulent remettre l'engueulade à plus tard... Pour l'instant, je sors quelques affaires et je me repose dix minutes, le temps de descendre en bas pour me rendre compte qu'on a pas besoin de moi, et je peux me préparer pour le réveillon... J'ai comme l'impression que je ne vais pas pouvoir manger ce soire, la simple odeur de friture qu flotte dans l'air me donne la nausée... (C'est le traditionnel repas de midi du 24/12 : Rosbif et Pommes de Terre sautées...) La cuisine de ma grand mère est toujours excellente, malheureusement, elle a la fâcheuse habitude de mettre un tiers de la plaque de beurre par plat, la cuisine asiatique est l'une des plus saines du monde, et je crains de ne pas pouvoir me réhabituer à la grasse cuisine occidentale... Le réveillon va passer à la trappe.
Je m'habille rapidement et je redescends, j'aide vaguement aux derniers préparatifs pendant que les flles e sa famille finissent de se pomponner. Nous prenons ensuite l'apérétif, et je suis obligé de partir à la messe de Noël avec les autres, les seuls à pouvoir y échapper sont mon parrain protestant, mon frère non-baptisé et sa copine, les veinards, ils échappent à une heure de berceuse façon révérend lovejoy des simpsons dans une Eglise ou il fait tellement froid qu'il n'est même pas possible de dormir...
Lorsque nous revenons, nous servons les plats, et lorsque tout le monde est assis, et avant que tout le monde ne se mette à perler dans un brouhaha assourdissant, je me relève, j'utilise mon couteau pour taper sur mon verre, et j'attends le silence après les dernières vannes de mes oncles sur les discours.
"J'ai quelque chose d'important à vous annoncer," ai-je commencé, "c'est bien ce qu'on dit dans ces cas la, non? Je vais me marier." Exclamation de surprise générale. Suivie d'un grand silence. Suivi d'un brouhaha gigantesque, dominé par la voix indignée de ma mère, qui hurle qu'elle n'est pas d'accord, que je suis trop jeune, qu'il est hors de question que je me marie, qu'elle ne me laissera pas faire, etc...
Je savais qu'elle allait réagir comme ça, aussi, après avoir rapidement résumé la situation, et plus ou moins présenté Treechada, je lui explique qu'elle n'a pas son mot à dire.
"Maman, si tu crois que je pensais qu'à vingt ans à peine, alors que mes études ne sont pas terminées, tu allais m'autoriser à épouser le transsexuel le plus célèbre de Thailande, ne t'inquiète pas, tu te trompais, et c'est pour ça que je ne te demande pas ton avis, et je te rappelle que tu l'as déja rencontrée." Nouvelle exclamation de surprise. Et oui, c'est un trans. Quelle scandale dans ma petite famille qui fait semblant de ne pas être conservatrice. Faire semblant c'est pas suffisant pour se décoincer le cul. Toujours il ont joué les hypocrites, avec leurs idées bien arrêtées sur tout, ils vous démontrent par A + B qu'ils ont raison et que vous avez tort. Mais pas cette fois, désolé les gens. J'en ai assez de me laisser marcher sur les pieds, et de me laisser étouffer par cette famille. J'en ai assez de supporter tout ces gens à l'ego démesuré, qui se croient grands, beaux et intelligents, alors qu'ils ne sont en réalité qu'une bande de têtes à claques insupportables, tous ces gens qui font semblant d'être gentils, mais vous font bien sentir que vous leur êtes inferieur. J'en ai assez de tout ça. Il est temps que je vive ma vie, vous ne croyez pas? Aujourd'hui, à tous ces gens, je leur dis merde, et ils restent la, comme une bande de bourgeois culs-serrés, choqué que leur domestique qu'ils ont été assez bon pour ramasser dans la rue et faire loger comme un chien au fond du jardin fasse preuvent d'une telle grossiereté. Et ben ils feraient bien de vite s'y habituer, parceque le domestique va se tirer, en les laissant se démerder tous seuls comme des grands avec leurs invités de marque, sans personne pour servr le champagne, et oui. A force de traiter le domestique comme une merde, il fallait bien que ça arrive...
Après m'être débrouillé pour couper court à toutes les questions par des répliques glaciales qui touchaient à chaque fois leur but, le réveillon à plus ou moins repris son cours. Je sentais que mes cousins assis à côté de moi étaient mal à l'aise et m'en voulaient un peu d'avoir gâché le réveillon, mais d'un autre côté, ils savaient aussi que les parents auraient très bien pu décider d'en parler calmement plus tard, mais qu'ils étaient juste trop cons pour le faire, résultat, ils les laissaient se démerder tout seuls, et ils ne comprennaient que trop bien ce que je pouvait ressentir au milieu de cette famille de gens tordus et pervers jusqu'à la moelle. J'étais loin d'être le seul à en souffrir...
Je me suis débrouillé pendant le reste de mon séjour en France pour échapper aux leçons de morales de mes oncles, tantes et grands parents, soit en mettant mon cerveau sur off, soit en leur faisant bien sentir que ça faisait vingts ans maintenant que j'avais envie de leur coller une baffe et de les humilier en leur dire leurs quatres vérités, et que si ils continuaient à m'emmerder, je risquais fort de m'y mettre... Ma mère a au moins eu le tact de vouloir m'en parler à l'écart, ce qui ne m'a pas empêcher de lui hurler qu'elle ne m'empêcherait pas de vivre, que j'en avais assez de devoir marcher sur le chemin qu'elle m'avait tracé, et qu'il était hors de question que je continue. J'étais outré qu'elle veuille me dicter mon bonheur... Quant à mon père, je me suis arrangé pour le voir, lui aussi, pour pouvoir lui en parler, et avec lui aussi, je me suis engueulé, enfin, tant pis. Ils recevront un faire-part de mariage et une photo, point, barre... Finalement, après avoir longuement parlé avec mes deux parents et mon frère, j'ai plus ou moins réussi à faire en sorte qu'ils me lâchent, mais mon dieu, quel soulagement quand je suis rentré "à la maison", car ce n'était plus chez moi ici, et que j'ai passé les portes de l'aéroport de Bangkok, pour tomber sur Treechada qui m'attendais, cachée derrière ses lunettes noires, un grand sourire sur les lèvres...