Tous deux se réveillèrent à l'aube, dans les bras l'un de l'autre, surpris, ils se reculèrent brusquement, en évitant le regard de l'autre... L'atmosphère était...
Tendue...
«Je... Je suis désolé...» Finit par dire Amenhotep.
«Non... C'est moi...» répondit Toutankhamon. Exaspérés, ils finirent par se retourner et se regarder d'un air de défi, comme pour montrer qu'ils n'avaient pas peur de leurs sentiments... Tous deux avaient les joues rougissantes, mais ils semblaient déterminés... Lentement, ils se rapprochèrent, Toutankhamon posa sa main sur la joue d'Amenhotep, celui ci frissonna et ferma les yeux sous la douceur de son geste... Toutankhamon embrassa délicatement Amenhotep, celui ci répondit à son baiser avec tout autant de douceur, leurs langues se cherchaient, se trouvaient, puis, se perdaient et se cherchaient à nouveau, une servante entra, ils se séparèrent brutalement, et bondirent hors du lit; la servante les regarda, étonnée, posa ce qu'elle tenait dans les mains et reparti en courant. Amenhotep s'empara de l'objet que la servante avait dans les mains, qui était en fait un mot des paysans; il le lut et dit:
«Votre peuple vous demande, vous devriez aller les rejoindre»
«Entendu, j'y vais tout de suite...»
Sur ce, le jeune pharaon à la peau dorée sortit, et partit rejoindre les paysans qui étaient aux champs.
Ils savaient que le pharaon du pays du nord lui avait proposé de passer la nuit chez lui, mais ils s'inquiétaient de ne pas le voir rentrer, le jeune homme les rassura et les encouragea à se remettre au travail, avec ses pouvoirs, il travaillait beaucoup plus vite que les autres, le messager, ébahi, se demandait qui était cet homme, pour que son seigneur l'ai invité chez lui, il devait vraiment être important, il semblerait que chez cet abruti de messager, la bêtise aille de pair avec la stupidité. Les paysans firent une pause à midi, le pharaon continua, il n'avait pas faim; les paysans s'en inquiétèrent, il avait travaillé beaucoup plus dur qu'eux, mais il s'efforça de les rassurer, il pensait à son double, il avait tant de questions à lui poser, pourtant, à chaque fois qu'il se trouvait en sa présence, les mots le quittaient pour faire place aux gestes, et ceux ci allaient souvent trop loin; les paysans se remirent au travail, tout en surveillant leur pharaon du coin de l'œil, inquiets. A la nuit, les paysans s'arrêtèrent, le pharaon déclara qu'il continuerait seul, les paysans protestèrent, mais le jeune homme leurs ordonna d'aller se reposer; ils s'en allèrent à contre cœur; le jeune pharaon continua à travailler la terre, il pensait encore à trop de choses pour pouvoir dormir. Se remettant à son travail, il leva brusquement la tête en entendant un bruit de sabots; comme si quelqu'un à cheval venait à sa rencontre. Il ne s'était pas trompé; un cheval arrivait du nord, il n'eut aucun mal à deviner qui le chevauchait, Amenhotep s'arrêta et dit:
«J'étais sur que vous seriez encore la; votre pensée ne m'a pas quittée de toute la journée, je ne suis pas arrivé à penser à autre chose qu'à vous, j'ai supposé que vous seriez dans le même état.»
Le jeune pharaon ne sut que répondre; son double lisait dans
son âme comme si c'eût été la sienne, il n'y avait rien à dire. Il monta simplement sur le cheval derrière celui qu'il aimait, sans un mot, il le sera dans ses bras comme un être cher qu'on
croyait perdu à tout jamais et retrouvé après de nombreuses années de tristesse et de désespoir... Sans un mot, ils repartirent au palais du jeune pharaon à la peau couleur d'ivoire; ils se
rendirent à sa chambre, comme la première fois, et comme la première fois, ils s'installèrent sur le balcon, ils mangèrent, peu; ils ne savaient que dire; ils se contentèrent de regarder les
étoiles, côtes à côtes; leurs corps se rapprochant sans qu'ils s'en aperçoivent, l'air était doux, ils en profitaient, ils se blottirent l'un contre l'autre; chacun savourant l'odeur de l'autre;
ils étaient heureux ainsi, ils profitaient de chaque instant passé ensemble, car ils savaient que bientôt, ils devraient se quitter, Toutankhamon devrait retourner au sud, et on ne plaisante pas
avec les relations entre différents pays, on n'invente pas des motifs quelconques pour se rencontrer, on ne peut pas prétexter une mauvaise récolte, pas même une alliance, celle ci aurait été
inutile, les deux pays vivant en paix avec leurs voisins, n'ayant rien de plus que l'autre... Il y avait beaucoup de questions à poser, mais elles attendraient demain, après tout, elles avaient
déjà bien attendues jusqu'à maintenant... Ils se contentèrent de rester ainsi, dans les bras l'un de l'autre, et de profiter de l'instant présent; peu de temps après, ils sont rentré se coucher,
côtes à côtes, ne craignant plus la proximité; c'était maintenant tout ce qui les unissait; ils s'endormirent, dans les bras l'un de l'autre, et se réveillèrent ainsi.