Dimanche 16 novembre 7 16 /11 /Nov 17:35

Un autre épisode m'a marqué.

Un soir, alors que nous nous préparions pour aller nous coucher, je suis resté paralysé, bloqué sur l'image de Mathieu en train de se changer... Je me suis enfui dans le couloir et me suis affalé contre le mur, entourant mes genoux de mes mains et la tête posée dessus, les larmes aux yeux. Mon désir était si fort, presque irrépressible... Il fallait absolument que cette semaine se termine vite, que je retourne chez mes homophobes de parents qui se feraient une joie de me rabaisser plus bas que terre... Je préferais être détruit, plutôt que de risquer de le détruire lui. Si je restais ici, je risquais de faire la pire erreur de ma vie...

Mathieu n'a pas compris. Pas compris que j'étais définitivement hanté par le souvenir de cet unique baiser que nous avions échangé. Pas compris la nature de la tempête dans laquelle j'étais plongé. Je ne sais même pas ce que j'ai répondu à ses parents lorsqu'ils se sont inquietés, je ne sais pas non plus ce que j'ai répondu à Mathieu lorsqu'il s'est lui aussi inquieté. Je ne sais même pas combien de temps j'ai passé, ainsi prostré au milieu du couloir, le coeur douloureux à cause de mes sentiments trop intenses... J'etouffais sous leur puissance, ils me faisaient peur. J'étais terrorisé à l'idée de ne pas pouvoir les dominer, terrorisé à l'idée de faire quelque chose d'irréparable, qui briserais à jamais notre amitié, pire encore, quelque chose qui me vaudrait sa haine...

A deux doigts de faire une crise d'angoisse, j'ai du me retenir pour ne pas hurler. Le poing enfoncé dans la bouche pour étouffer mes gémissements de peur, je me suis mis à suffoquer. Il fallait que je quitte cet endroit, vite, maintenant. Il fallait que je quitte cette maison ou vivait celui qui ne m'aimerait jamais...

Incapable de tenir plus longtemps, je me suis précipité dehors, j'ai descendu les escaliers en courant, et suis parti à toute vitesse, sans faire attention à l'endroit ou j'allais. Il tait déja tard et il n'y avait plus grand monde dans les rues. C'est seulement lorsque j'ai pris conscience que ma vue était trouble, que je me suis rendu compte que je pleurais. Je courais toujours, j'ai couru jusqu'à en être épuisé. A bout de force, je suis entré dans un parc public, et me suis affalé sur l'herbe. Dissimulé sous le couvert des arbres, j'ai hurlé, j'ai crié, j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J'ai laissé sortir ma souffrance... 

Lorsque j'ai eu fini, lorsque j'ai été si fatigué que je n'avais même plus la force de pleurer, elle était plus supportable... C'est seulement à cet instant, que je me suis rendu compte qu'il pleuvait. Beaucoup. Des cordes. J'étais trempé jusqu'aux os.

Grelottant de froid, je me suis également rendu compte qu'il faisait jour depuis longtemps. Mathieu et sa famille devaient être mort d'inqiétude... Quel égoïste j'étais! Ils m'accueillaient gentilment chez eux, et moi, je ne trouvais rien de mieux à faire que les terroriser... Je me suis relevé, titubant de fatigue, et suis retourné chez eux le plus rapidement possible...

Par kagura - Publié dans : amour et amitié
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